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L’immunothérapie est utilisée chez une minorité de patients atteints du lymphome de Hodgkin. La plupart y réagissent positivement et les effets secondaires sont très acceptables.
Le lymphome de Hodgkin est un cancer relativement rare : environ 350 nouveaux cas par an en Belgique. Bien qu’il puisse se déclarer à tout âge, le lymphome de Hodgkin se rencontre particulièrement chez les jeunes entre 21 et 30 ans et après 50 ans. « Dans la grande majorité des cas, ce type de cancer réagit bien à la chimiothérapie », explique le Pr. Rik Schots, chef du service d’hématologie de l’UZ Brussel. « L’immunothérapie est réservée aux lymphomes de Hodgkin réfractaires, c’est-à-dire qui résistent aux traitements de 1ère et 2e lignes, ou pour les patients dont le cancer récidive. »
Le système immunitaire est doublement affecté par les lymphomes de Hodgkin. Premièrement, ce cancer s’attaque au système lymphatique (1) qui produit les lymphocytes B et T. Ces cellules sont les petits soldats du système immunitaire. Ce sont les lymphocytes qui nous défendent contre les agressions type virus, bactéries, etc. En cas de lymphome de Hodgkin, on assiste à une prolifération de lymphocytes B anormaux. Notre système immunitaire est donc privé d’une partie de ses défenses. Résultat : l’organisme est plus sensible aux infections.
Deuxièmement, les cellules cancéreuses développent des mécanismes de résistance pour se défendre contre le système immunitaire. Les antigènes (2) PD-L1, par exemple, exprimés à la surface des cellules cancéreuses, agissent en aveuglant les lymphocytes T qui expriment les récepteurs PD-1. Et c’est précisément à ce niveau que certaines immunothérapies peuvent agir. « Dans les lymphomes de Hodgkin, les cellules cancéreuses expriment beaucoup de PD-L1 », explique le Pr. Schots. « Voilà pourquoi les anti-PD-1 sont particulièrement efficaces. Ils bloquent la liaison PD-L1/PD-1 entre la cellule tumorale et le lymphocyte T afin que ce dernier reste actif. Dans les cancers réfractaires ou récidivants, environ 70 % des patients répondent positivement à ce traitement. Et dans 15 à 20 % des cas, la réponse est complète (3) et durable, souvent pendant plus de deux ans. »
En Belgique, 3 immunothérapies sont disponibles pour traiter les lymphomes de Hodgkin :
Par rapport à d’autres traitements, l'immunothérapie est en général bien tolérée dans les tumeurs solides. Idem dans les lymphomes de Hodgkin ; il y a peu d'effets secondaires. « Ceux qui surviennent sont de type inflammatoire et dus à un excès de zèle du système immunitaire », explique le Pr. Schots. « Les effets secondaires les plus fréquents sont les éruptions cutanées, la fièvre et les inflammations articulaires. Pour peu que les patients nous les signalent rapidement, nous pouvons gérer et contrecarrer la plupart de ces toxicités, notamment avec des corticoïdes (5). Moins de 5 % des patients présentent des toxicités (très) sévères (6) nécessitant d’arrêter l'immunothérapie. »
Actuellement, l'immunothérapie est cantonnée à un petit nombre de patients atteints du lymphome de Hodgkin. « Il est possible que pour les lymphomes de stade avancé ou de pronostic défavorable au diagnostic, l'immunothérapie remonte dans les lignes », estime le Pr. Schots. « C’est-à-dire qu’elle soit administrée plus tôt. Je m’attends aussi à ce que les médicaments d'immunothérapie soient combinés à la chimiothérapie, soit simultanément, soit successivement. Plusieurs études sont en cours pour déterminer la meilleure séquence, l’ordre optimal dans lequel ces traitements devraient être administrés. »
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Dernière mise à jour : 1er septembre 2018.