I-O Pedia
L’immunothérapie est en train de révolutionner la prise en charge du carcinome urothélial. Des études sont en cours pour optimiser le potentiel de ces nouveaux traitements.
L’urothélium est le revêtement interne de l’appareil urinaire. Les cellules urothéliales qui le composent peuvent devenir cancéreuses. Elles forment alors une tumeur, le carcinome urothélial, qui peut apparaitre dans n’importe quelle partie du système urinaire : la vessie, bien sûr, mais aussi les uretères (1), l’urètre (2) ou le bassinet du rein (qui recueille l’urine).
Le carcinome urothélial représente plus de 90 % des cancers de la vessie. En Belgique, plus de 2300 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. Ces tumeurs touchent quatre fois plus les hommes que les femmes et apparaissent souvent au-delà de 65 ans.
Pendant des décennies, le traitement chirurgical – basé sur l’ablation de la vessie – ne permettait que 50 % de chances de survie à 5 ans. La chimiothérapie administrée avant la chirurgie a permis d’améliorer ces résultats chez certains patients. Mais les premiers résultats obtenus avec l’immuno-oncologie (IO) pourraient révolutionner la prise en charge du carcinome urothélial et augmenter les taux de survie et l’espérance de vie de nombreux patients.
« Actuellement, en Belgique, plusieurs immunothérapies sont disponibles », explique le Pr. Thierry Roumeguère, chef du service d’urologie de l’Hôpital Erasme, à Bruxelles. « Ces médicaments d’IO sont indiqués pour traiter le carcinome urothélial de stade avancé (3) ou métastatique chez l’adulte. Ils peuvent être prescrits en 2e ligne, après une chimiothérapie à base de sels de platine, ou même en 1re ligne pour les patients qui ne supporteraient pas cette chimio – à cause de leur âge avancé ou d’une mauvaise fonction rénale, par exemple. »
Environ 20 % des patients répondent positivement à l’immunothérapie. « Si le cancer urothélial est sensible à l’IO, c’est parce que ce type de tumeur présente beaucoup de mutations », explique le Pr. Roumeguère. « De nombreux antigènes (4) s’expriment donc à la surface des cellules cancéreuses. Or, ces antigènes peuvent être ciblés par des lymphocytes (5) spécifiques que l’IO réactive. Ce faisant, ces lymphocytes peuvent à nouveau attaquer les cellules cancéreuses. »
Comparés à d’autres traitements, les effets secondaires de l’IO sont plus rares, mais ils sont particuliers. Le système immunitaire peut faire « de l’excès de zèle » et se retourner contre d’autres tissus du corps. Les toxicités sont donc de type inflammatoire : inflammation de la thyroïde (thyroïdite), rash cutané, hépatite, etc. « Dans la majorité des cas et pour peu que nous les détections tôt, ces effets secondaires sont bénins et nous pouvons les contrôler, notamment avec des corticoïdes (6) », rappelle le Dr Roumeguère. « Dans une minorité de cas, des toxicités de grade sévère peuvent apparaître et nous obligent à interrompre ou arrêter le traitement par IO. »
Plusieurs études d’IO dans le cancer urothélial sont en cours, notamment pour savoir quand administrer ces traitements et mesurer l’intérêt des combinaisons de traitements. « Nous cherchons notamment à savoir s’il vaut mieux administrer l’immunothérapie avant, après, voire en même temps que la chimiothérapie, voire un 2e médicament d’IO », explique le Dr Roumeguère. « D’autres immunothérapies semblent aussi prometteuses et sont en cours d’évaluation. » L’utilisation de l’immunothérapie avant la chirurgie est également étudiée. La durée optimale du traitement par IO fait aussi l’objet de recherches. S’il faut plusieurs semaines, voire quelques mois avant d’observer une réponse positive à l’IO, ses effets peuvent perdurer (longtemps) après la fin du traitement. « Nous ne savons pas encore combien de temps les immunothérapies sont efficaces. Nous manquons de recul pour savoir quand, exactement, nous pouvons ou devons les arrêter. Pour le moment, si la réponse est positive, le traitement s’étale sur au moins un an. Et si le patient le supporte bien – ce qui est souvent le cas –, on continue ! »
***notes***
Dernière mise à jour : 30 septembre 2018