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connaître et comprendre les cancers et leurs traitements

LE CANCER DU REIN


Dans un grand nombre de cas, le cancer du rein est diagnostiqué tardivement. Lorsqu’il s’agit de cancers métastatiques, de récentes études confirment que l’immunothérapie a sa place, sous la forme de 2 types d’immunothérapie (IO) ou en combinaison avec un autre traitement visant la vascularisation tumorale.

Voilà un cancer dont les causes sont encore mal connues, mais qui est probablement favorisé notamment par le tabagisme. Avec ses symptômes qui apparaissent souvent tardivement, ou qui sont si généraux qu’ils n’alertent pas immédiatement, le cancer du rein est souvent découvert à un stade déjà avancé, et parfois même « par hasard ». « Dans un tiers des cas, le diagnostic est posé d’emblée au stade métastatique. Dans 40 à 45 % des situations, la tumeur est encore limitée à un stade local (ce qui signifie qu’elle est circonscrite au rein, sans avoir migré vers d’autres tissus ou organes) et, dans environ 25 % des cas, à un stade local avancé, » détaille le Pr Christine Gennigens, oncologue au CHU de Liège.

Sans être rares, ces cancers ne sont pas parmi les plus fréquents. Ainsi, en 2020, sur les 77 827 cancers invasifs détectés en Belgique, 1928 personnes ont été concernées (dont 1267 hommes) (1). « En moyenne, les patients ont 65 ans lors du diagnostic », précise le Pr Christine Gennigens. Sans grande surprise, le stade de développement de la tumeur et sa dissémination éventuelle déterminent les traitements qui vont être entrepris…

DES TRAITEMENTS « CLASSIQUES » REVISITÉS

« Pour une tumeur localisée, sans métastases, la chirurgie est et reste le traitement de référence utilisé en première intention », explique l’oncologue. Dans certains cas, un traitement complémentaire peut-être envisagé (IO).

Lorsque l’on se trouve confronté à un cancer métastasé, on recommande l’utilisation de l’immunothérapie seule ou en combinaison.

UN RETOUR SUR L’HISTOIRE

Dans le cancer du rein, la place de l’IO est loin d’être une nouveauté. « Depuis longtemps, on sait que ces tumeurs sont ‘immunogènes’, c’est-à-dire qu’elles libèrent et larguent beaucoup d’antigènes tumoraux. Dès lors, cela signifie que notre système immunitaire est susceptible d’être activé, puisqu’il reconnait la présence d’un ennemi dans l’organisme », souligne l’oncologue.

« Dès les années 1970, des immunothérapies, ou plutôt des immunomodulateurs comme les cytokines ont été utilisés. Dans les années 90, on a employé les interférons et l’interleukine. Ces médicaments peuvent moduler la réponse immunitaire mais, fort toxiques, ils provoquaient souvent des effets secondaires sévères. Ils sont donc tombés en désuétude », constate le Pr Gennigens.

L’apparition de nouvelles immunothérapies a permis de repositionner les choses. Néanmoins, ces dernières années, pour les cancers du rein métastasés, les traitements d’IO n’étaient proposés qu’après échec d’un premier traitement. Or cette stratégie a été dorénavant revue et corrigée.

CANCERS DU REIN MÉTASTASÉS : LES LIGNES BOUGENT

Pour les cancers du rein avec métastases, l’objectif consiste à « endormir » la tumeur le plus possible et à éviter sa progression. Pour y parvenir, jusqu’à très récemment, les traitements antiangiogéniques étaient généralement proposés en première ligne. Ces thérapies ciblées visent à empêcher les tumeurs de se « nourrir » grâce à de petits vaisseaux sanguins.

Mais, grâce à des données récentes, issues d’études internationales, une nouvelle approche a vu le jour avec l’administration d’une combinaison de deux immunothérapies en première ligne ou la combinaison d’une immunothérapie associée à un traitement antiangiogénique.

PAR-DELÀ LES EFFETS SECONDAIRES

Le traitement par IO peut s’accompagner d’effets secondaires, allant du grade 1 (les effets les plus « légers ») au grade 5 (les plus graves).

Ces effets secondaires généraux liés aux IO, « nous les connaissons chaque jour mieux. En fait, leur gestion est devenue notre quotidien. Ils sont imprévisibles, ils varient d’un patient à l’autre, et, lorsqu’ils surviennent (un signe que le système immunitaire « travaille » trop), ils doivent impérativement être détectés à temps, afin d’éviter des conséquences graves, parfois potentiellement mortelles », insiste l’oncologue.

De fait, pour les patients en traitement par IO, une simple diarrhée n’est pas forcément « banale ». « Avec le soutien des médecins oncologues traitant avec le support des infirmières de coordination, les patients sont donc conscientisés au repérage précoce de tout problème. Ils savent qu’ils peuvent toujours nous joindre et que mieux vaut nous appeler trop que trop peu, afin de nous permettre de contrôler le plus tôt possible les effets secondaires », conclut-elle.

SUR DE BONNES PISTES…

De manière générale, en matière de cancer du rein, « nous venons de réaliser de très bonnes avancées ces dernières années », estime le Pr Christine Gennigens.

La recherche doit maintenant se tourner vers des traitements avec des mécanismes d’action différents pour traiter les patients qui developpent une rechute sous ces traitements. Les oncologues attendent aussi les résultats de recherches et d’études qui leur permettraient de mieux appréhender enfin quels types de patients sont les plus susceptibles de répondre à tel ou tel traitement et pourquoi, actuellement, ils sont parfois confrontés à des non-réponses.

Mais, globalement, assure le Pr Christine Gennigens, « on a déjà énormément progressé ; on a fait un énorme bond en avant !!! ».

Date de mise à jour du texte : Octobre 2023

***note***

  • (1)Cancer Fact Sheets, Registre du Cancer, Année d’incidence 2020, Bruxelles 2022

Pour commencer

Également disponible en anglais,
allemand, arabe et turc.

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