Espace patients
LE MÉLANOME
Les mélanomes sont parmi les cancers qui répondent le mieux à l’immunothérapie. Pourquoi ? Quels médicaments sont disponibles ? En tant que patient, que pouvez-vous en attendre ?
En Belgique, il y a environ 3600 nouveaux cas de mélanome par an (1). Environ 90% sont détectés à un stade précoce, la chirurgie guérissant la plupart des patients.
Ces cancers cutanés sont particulièrement agressifs. Il y a quelques années, les médecins étaient encore fort démunis face à des mélanomes de stade III ou IV. « Avant 2010, le pronostic de ces patients était fort sombre », se souvient le Pr Bart Neyns, chef du département d’oncologie médicale de l’UZ Brussel. « Nous n’avions que la chimiothérapie palliative à leur proposer. Aucun traitement ne prolongeait l’espérance de vie, malheureusement fort raccourcie dans l’immense majorité des cas. Dans ce contexte, on peut dire que l’immuno-oncologie (IO) a amélioré de façon substantielle la prise en charge des mélanomes en stade avancé ! »
En effet, l’IO s’avère efficace sur ces mélanomes. En fonction de l’approche thérapeutique choisie (monothérapie ou traitement combiné), près de 40 à 58 % des patients traités par immunothérapie répondent au traitement (2). Un traitement qui, de plus, allonge significativement l’espérance de vie ! Certains patients entrent même en rémission complète.
Comment expliquer de tels résultats ? « Ces tumeurs comptent un grand nombre de mutations génétiques », répond le Pr Neyns. Pour rappel, la majorité des mélanomes sont dus à des mélanocytes (3) qui ont muté à cause des rayons UV du soleil. Ces cellules cancéreuses se mettent alors à sécréter des antigènes, c’est-à-dire des substances que notre système immunitaire ne reconnaît pas.
« Normalement, les lymphocytes T, nos petits soldats immunitaires, devraient attaquer les cellules cancéreuses », poursuit l’oncologue. « Or, ils ne le font pas, car la tumeur a développé ses propres défenses. Elle utilise entre autres une protéine, PD-L1, qui “aveugle” le système immunitaire. » L’immunothérapie agit en sabotant cette défense, rendant la cellule cancéreuse à nouveau vulnérable au système immunitaire. Comme les mélanomes sont très immunogènes, ce type de tumeurs peut être (très) sensibles à l’immunothérapie.
Pour plus d’informations au sujet des médicaments mentionnés, veuillez vous référer à votre médecin traitant.
L’IO agit en supprimant un frein, PD-L1, à la réponse immunitaire. N’étant plus retenu par ce frein, le système immunitaire peut faire du zèle et s’attaquer à d’autres tissus ou organes du corps. Ce qui provoque des effets secondaires de type inflammatoire.
« Environ 10 % des patients présentent des effets secondaires par année d’immunothérapie », précise le Pr Neyns. « Et si on combine deux traitements d’IO (anti-PDL1 + anti-CTLA-4, par exemple), la moitié des patients aura des effets indésirables sévères. »
Les effets secondaires les plus fréquents sont la fatigue, les démangeaisons, les éruptions cutanées, la diarrhée, les nausées, etc. « À condition que les patients nous les signalent rapidement, nous pouvons contrôler la toute grande majorité de ces effets secondaires. Nous pouvons soit suspendre l’IO, soit administrer des corticoïdes (4) pendant quelques semaines. »
Pour plus d’informations au sujet des médicaments mentionnés, veuillez vous référer à votre médecin traitant.
Date de mise à jour du texte : Octobre 2023
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